Précepteur d’un robot pizzaiolo
- thierrygraffagnino
- 27 juil.
- 2 min de lecture
Par Thierry Graffagnino – Champion du monde de pizza, formateur & artisan
Quand on parle d’un robot qui fait des pizzas, la réaction est presque toujours la même :
« Toi, un artisan, un champion du monde… pourquoi tu travailles avec une machine ? »
Ma réponse est simple : Je n’ai pas travaillé pour une machine. Je l’ai formée.
On vient d'abord pour le spectacle…
Quand les gens voient le robot en action, ils sont fascinés : le mouvement des bras, la précision des gestes, le ballet perpétuel de l’enchaînement. C’est propre, fluide, presque hypnotique. Ils sont séduits par l’expérience, curieux du concept.

Au premier abord, ils se disent souvent :
« Même si la pizza est moyenne, franchement, ça vaut le détour. »
… mais on reste pour la pizza
Puis ils goûtent. Et là, plus personne ne parle du robot. Parce que ce qu’ils découvrent, c’est une pizza d’une qualité exceptionnelle :
Une pâte légère, digeste, texturée
Une cuisson maîtrisée
Un équilibre de garniture pensé dans le détail

Beaucoup m’ont dit :
« Incroyable, on ne s’attendait pas à une pizza aussi bonne. »
Le robot, c’est mon élève. Et je suis responsable de ses résultats.
Dès le premier jour, j’ai dit aux ingénieurs :
« Si le robot fait de mauvaises pizzas, ce sera ma faute. Chez moi, on ne note pas l’élève, on note le professeur. »
Ce robot applique exactement ce qu’on lui transmet. Il ne prend pas d’initiatives, ne modifie rien, ne “fait pas à sa sauce”. Et c’est justement parce qu’il est fidèle que je savais que s’il décevait, c’est que je lui aurait mal enseigné.

Fiable, régulier, jamais malade
En plein rush, il fait sa vaisselle à l’heure prévue. Hé oui, il a son lave-vaisselle ! Il n’oublie rien. Il ne râle pas. Il ne réclame pas. Il ne tombe pas malade. Il ne ralentit pas. Il ne discute pas une consigne parce qu’il est 22h01. Et au niveau hygiène ? Aucune triche, aucun raccourci, aucune approximation. Sur ces points-là, soyons honnêtes : l’humain ne fera jamais le poids.
J’ai signé 20 ans avec lui. Pas pour me retirer… pour transmettre.
J’ai signé un contrat de 20 ans avec ce robot.Ce qui me mènera jusqu’à mes 83 ans.
Pas de retraite prévue.

Parce que ce robot est peut-être mon élève le plus fidèle. Et s’il fait aujourd’hui des pizzas qui étonnent les plus sceptiques, c’est parce que la formation a été solide. Et c’est la meilleure preuve, pour un formateur, que son savoir-faire fonctionne.
Conclusion
Le robot n’a pas d’âme. Mais il peut honorer un métier, si on lui enseigne les bons gestes.
Aujourd’hui, je reste artisan. Je reste formateur. Et je suis fier de dire que même une machine peut apprendre… quand l’homme qui la forme a du métier.
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